L’hiver,…2 textes orientaux pour mieux l’appréhender
Deux textes tirés du Suwen, l’un des ouvrages les plus ancien de la médecine traditionnelle chinoise.
« Les trois mois de l’hiver sont appelés
Fermer et thésauriser,
L’eau gèle, la terre se fendille,
Nulle excitation ne vient plus du yang.
On se couche tôt, on se lève tard,
On s’en remet pour tout à la lumière du soleil.
On exerce le vouloir
Comme enfoui, comme caché,
Comme tourné seulement vers soi,
Comme occupé à se posséder.
On fuit le froid, on recherche la chaleur,
Ne laissant rien s’échapper par les couches de la peau,
De peur d’être dangereusement démuni de ses souffles.
Ainsi se conforme-t’on aux souffles de l’hiver,
La voie de l’entretien de la thésaurisation de la vie.
Aller à contre courant porterait atteinte aux reins,
Causant au printemps, des impotences et fléchissements,
Par insuffisance à l’apport de la poussée de la vie. »
« L’hiver scelle la séparation de ce qui fait la vie en se copénétrant: yin et yang, Ciel et Terre, eau et feu,humidité et sol (la terre se fendille), liquide et souffles animateurs (l’eau gèle)…mais il prépare aussi la réunion des couples par un nouveau départ, en attirant dans la profondeur les ferments de vie, en ensevelissant et thésaurisant pour forger l’assise de la puissance. La vie se préserve car elle s’en tient à ses racines, se fixe sur l’essentiel, ne s’occupe de retrouver et préserver son unité originelle; à ce prix, chaque membre d’un couple sera prêt à accueillir l’autre. Tout se fait dans l’économie, car les dangers sont réels; on profite du moindre avantage, montant ainsi le soin apporté à l’entretien de la vie. On se garde bien de se croire en un éternel été, et la sueur ne doit plus sortir, car loin de laver le corps et de conserver une bonne température, elle dépouillerait de liquide dont les essences feraient défaut, elle userait des souffles si précieux, elle laisserait béantes les ouvertures des pores aux froids et aux vent hivernaux. Dans tous les secteurs, physiques et psychiques, on conserve scrupuleusement ce qui appartient en propre, naturellement; on reste ainsi en possession de soi-même en ne se gaspillant pas inconsidérément, en pensées ou projets, en sueur ou gymnastique.Le yang est à l’interne; la vitalité est tournée sur elle-même au lieu de donner aux autres. Mais pour régénérer l’intime, les Zangs ,les Esprits, il faut que la synergie d’essences et de souffles jouisse du calme et de la quiétude.
Si l’on ne se concentre pas assez sur soi, si l’on ne sauvegarde pas bien les essences qui maintiennent, en nous, la lueur des Esprits et l’appartenance à soi-même, la conjonction printanière se fera faiblement: rien ne soutiendra la force musculaire saisie d’impotence et le rayonnement de vitalité depuis l’interne n’atteindra plus jusqu’aux extrémités du corps »